Alors que l’intelligence artificielle redessine les équilibres économiques et culturels mondiaux, Donald Trump vient de prendre une position ferme : selon lui, les règles de droit d’auteur ne doivent pas freiner le développement d’outils comme ChatGPT. Une déclaration qui, en pleine campagne présidentielle, place l’ancien président au centre d’un débat brûlant sur la propriété intellectuelle à l’ère des IA génératives.
Dans une tribune relayée par Numerama, Trump critique vivement les régulations jugées trop contraignantes, qui, selon lui, nuisent à l’innovation américaine. Il prend pour exemple la Chine, qui permettrait selon lui une progression plus rapide de ses intelligences artificielles en raison d’un cadre juridique “plus souple”. À l’inverse, les États-Unis, en maintenant des protections trop strictes sur les œuvres utilisées pour entraîner les modèles, risqueraient de perdre leur leadership technologique.
Cette prise de position fait écho à une série de batailles judiciaires déjà en cours entre les grands laboratoires d’IA — dont OpenAI — et des auteurs, journalistes, ou éditeurs qui dénoncent l’exploitation de leurs contenus sans autorisation. L’industrie de l’édition, en particulier, voit dans cette utilisation des bases de données un pillage de son patrimoine culturel. Pour Trump, il s’agit au contraire d’une nécessité stratégique : “Les modèles doivent pouvoir s’entraîner sur le monde réel pour être utiles”, aurait-il affirmé à ses conseillers.
Derrière ces mots se joue un bras de fer plus large sur la souveraineté numérique. Trump veut un cadre législatif qui favorise les entreprises technologiques américaines, même si cela signifie repousser les frontières traditionnelles du droit d’auteur. Ce positionnement n’est pas anodin : il s’inscrit dans une dynamique où la guerre de l’IA devient un enjeu électoral, à la fois économique, militaire et culturel.
Mais cette vision utilitariste de la culture ne fait pas l’unanimité. Les créateurs dénoncent un discours qui les instrumentalise et les marginalise. Pour beaucoup, l’IA ne devrait pas se développer au prix de la spoliation du travail humain. Des organisations d’auteurs, comme l’Authors Guild, ou des artistes visuels, ont déjà intenté des recours, estimant que leurs œuvres servent à alimenter des systèmes commerciaux sans aucune compensation ni reconnaissance.
La position de Trump s’apparente donc à un choix clair entre deux modèles de société : l’un dans lequel la culture est un bien stratégique à utiliser pour gagner la course à l’IA, l’autre dans lequel elle doit rester protégée, même au prix d’un développement plus lent. L’ancien président, fidèle à son style frontal, tranche sans nuance, en appelant à une réforme du copyright pour “soutenir l’innovation plutôt que la freiner”.
Si cette idée trouve un écho auprès de certains industriels et partisans d’un capitalisme technologique débridé, elle inquiète les défenseurs des droits d’auteur, qui redoutent de voir les textes, images, vidéos ou musiques devenir des matériaux libres d’usage pour les géants de la tech.
À l’heure où les États-Unis doivent définir leur propre doctrine face à l’IA, ce discours marque un tournant. Il montre que la bataille de l’IA n’est pas qu’un défi d’ingénierie : c’est aussi une lutte de valeurs. Et si l’approche de Trump devait s’imposer, elle redéfinirait les contours du droit d’auteur au XXIe siècle.