Huawei accusé de plagiat de son IA Pangu : une crise de confiance dans la propriété intellectuelle chinoise

Début juillet 2025, une tempête a éclaté dans l’univers de l’IA en Chine : Huawei se retrouve accusé d’avoir plagié, en recyclant des éléments, les modèles linguistiques développés par Alibaba et DeepSeek pour concevoir son Pangu Pro MoE. D’après un rapport publié sur GitHub par un groupe nommé HonestAGI, le modèle Pangu présente une corrélation de paramètres si élevée avec le Qwen 2.5 14B d’Alibaba qu’elle évoque un simple « upcycling », et non un développement indépendant. Huawei dément, affirmant que la formation de Pangu est totalement originale et respectueuse des licences open-source . Cette affaire soulève de sérieuses interrogations sur les pratiques en matière de propriété intellectuelle dans un secteur placé sous haute pression.

Plagiat ou coïncidence ? Une accusation explosive

Un lanceur d’alerte et des preuves techniques

Le collectif HonestAGI, anonyme mais soutenu par un ingénieur interne selon des sources, a publié une analyse pointue montrant une corrélation de 0,927 entre les paramètres d’attention de Pangu Pro MoE et ceux de Qwen 2.5 14B. Les matrices de réseaux de neurones et des éléments de code feraient état d’une origine commune – certains noms de classes évoqueraient même « Qwen » ou « deepseekv3 » dans les fichiers du projet . La rumeur d’un clonage massif de modèle est née de ce document, rapidement retiré mais dont les échos continuent à alimenter le débat.

Huawei réfute et invoque l’open-source

Face à ces accusations, Noah Ark Lab, division IA de Huawei, a fermement rejeté tout recours à Qwen. Il affirme que Pangu Pro MoE est une création originale, spécialement conçue pour fonctionner sur les puces Ascend, et que l’entreprise respecte rigoureusement les licences open-source. Selon Huawei, les similitudes détectées seraient le résultat d’architectures communes ou de pratiques standard dans l’open-source, qui ne constituent en aucun cas un plagiat.

Propriété intellectuelle à l’heure de l’open-source : un défi d’intégrité

Les frontières floues du droit d’auteur IA

Dans le monde du développement de modèles d’IA, le droit d’auteur et les licences open-source constituent un terrain complexe. Le recyclage de modèles existants est souvent courant, mais uniquement si les licences sont respectées, avec attribution et compatibilité. Si Huawei a conservé des références à Qwen dans son code sans en disposer les droits, cela constituerait une violation—voire un détournement de licence—de propriété intellectuelle. Dans un contexte de compétition intense, le risque juridique est élevé.

Conséquences pour l’industrie chinoise

Ce différend international entre deux géants expose au grand jour la fracture d’un écosystème chinois jusque-là solidaire. Comme le souligne Counterpoint Research, ces tensions risquent de semer un climat de méfiance propice à la fuite des talents et au ralentissement de l’innovation commune. Un cadre clair sur les pratiques acceptées devient urgent : empreintes numériques, watermarking, audits indépendants… sont devenus indispensables pour garantir la confiance entre acteurs.

Le scandale Pangu vs Qwen révèle les enjeux stratégiques de la propriété intellectuelle dans l’IA. Alors que la transparence et la concurrence s’intensifient, le respect des licences et l’intégrité technique déterminent la crédibilité d’une entreprise. Pour Huawei, démontrer l’indépendance de Pangu est crucial pour préserver sa réputation.

Pour sécuriser ses développements IA, les acteurs devront :

  • contractualiser des audits techniques réguliers par des tiers indépendants ;
  • formaliser les sources de leurs modèles avec traçabilité et licence claire ;
  • intégrer des clauses de vérification dans leurs accords open-source et partenariats tiers.

Ces mesures permettent d’éviter les contentieux coûteux et de garantir une innovation respectueuse.

Cette affaire pose une question décisive : dans un monde dominé par la course à l’innovation, les pratiques open-source doivent-elles être régulées ? Les réponses conditionneront l’avenir de l’IA mondiale : vers une exploitation responsable ou vers une escalade sans contrôle.