OpenAI dans la tourmente : procès pour marque déposée et enjeux de propriété intellectuelle autour du projet « io »

Le 23 juin 2025, OpenAI se trouve à nouveau confronté à une bataille juridique de taille autour de son tout nouveau projet matériel, baptisé « io » : une startup acquise en début d’année et co-conçue avec le designer Jony Ive. IYO Inc, un ancien projet lié à Google, accuse OpenAI d’usurpation de marque déposée, affirmant que le nom, le produit et les idées de « io » ont été copiés depuis 2022. Un litige révélateur de l’importance stratégique de la propriété intellectuelle pour les géants de l’IA.

La guerre des marques et le droit d’auteur matériel

Des noms et des produits trop semblables

IYO Inc, développeur d’écouteurs intelligents à commandes naturelles, a déposé plainte affirmant que le nom « io » choisi par OpenAI prête à confusion avec sa propre marque « iyO » – commercialisée sous l’appellation « iyO One ». Selon les plaignants, OpenAI aurait connu l’existence de IYO dès 2022, lors de discussions exploratoires sur une possible collaboration ou investissement avec LoveFrom, le studio de design de Jony Ive. La plainte avance que ce projet exploratoire aurait servi de façade pour « surveiller de près » les avancées concurrentes, avant qu’OpenAI ne lance son propre produit « io ».

Un produit déjà censuré

Suite au dépôt de plainte, OpenAI a retiré toute référence au projet « io » de son site à partir du 22 juin 2025, et a suspendu la communication autour du produit, victime d’une injonction temporaire attendue. Le lancement matériel d’OpenAI – qui visait à proposer une interface d’IA autonome, fruit de la collaboration avec Jony Ive – est désormais mis en suspens, posant de fortes questions sur l’identité, la marque et même les caractéristiques techniques du produit à l’avenir.

Propriété intellectuelle : au cœur de l’innovation matérielle et logicielle

Marques, design, confidentialité : quelles limites ?

Ce conflit illustre combien la propriété intellectuelle est devenue un actif stratégique pour les entreprises du numérique. Le choix d’un nom trop semblable à une marque existante n’est pas anodin : il peut entraîner une confusion chez le consommateur, porter atteinte à la réputation d’une marque précédente, ou même créer un droit exclusif. Ici, OpenAI est directement accusée d’avoir profité, selon IYO, d’informations confidentielles partagées dans un contexte de négociation pour lancer une offre concurrente.

Un signal : l’IA matérielle aussi concernée par les droits d’auteur

Jusqu’à présent, les discussions autour de la propriété intellectuelle en IA concernaient surtout les modèles entraînés sur des corpus textuels protégés. Ce procès met en lumière que la dimension matérielle – car « io » aurait pu être un dispositif hardware combinant design et IA – est elle aussi soumise à des contraintes de droit d’auteur et de marques déposées. Il pose la question d’une protection viable des innovations intégrant design, matériel et logiciel dans un même écosystème .

Cette affaire marque un tournant pour OpenAI : si elle se concentrait jusqu’à présent sur la valorisation de son IA logicielle, cette incursion dans le hardware expose au risque d’un contentieux frontal sur la propriété intellectuelle. La suspension médiatique et web du projet « io » démontre à quel point la rigueur juridique est essentielle lorsqu’on combine marques, design et innovations technologiques.

En réponse à ces accusations, OpenAI doit désormais revoir ses engagements. Toute prise de risque autour d’un nom ou d’un design proche de ceux d’une marque existante impliquera :

  • une vérification préalable plus poussée (due diligence),
  • l’instauration d’accords de confidentialité avec levée d’ambiguïté claire,
  • potentiellement une renégociation de marque ou de nom, avec dépôt défensif dès l’amorce de développement.

Ces règles contractuelles devront aussi s’appliquer aux acquisitions à venir, comme celle de IYO Inc.

Au-delà du cas OpenAI / IYO, ce litige pose des questions graves pour les entreprises hybrides hardware‑software évoluant dans l’IA. Faut-il repenser les méthodes de protection (brevet, design, secret industriel) pour couvrir des interfaces physiques animées par l’IA ? Va-t-on vers une explosion des litiges sur les noms, les designs et les prototypes ? Et pour les startups IA à croissance rapide, comment conjuguer innovation et prudence juridique ? Autant de défis que la filière devra relever pour sécuriser ses créations dans un environnement hautement concurrentiel et réglementé.